Escroquerie au Monopoly de Mc Donald'sCertaines histoires sont parfois tellement surprenantes qu’elles s’apparentent plus à la fiction qu’à la réalité. C’est le cas de cette rocambolesque arnaque menée entre 1989 et 2001, par Jerome Jacobson, et qui a permis à ce dernier d’encaisser plus de 24 millions $ sur le dos de Mc Donald’s avant de se faire finalement arrêter avec plusieurs de ses  complices. Remise à jour par une récente publication dans un journal américain, l’affaire devrait d’ailleurs faire l’objet d’une fiction hollywoodienne.

Le profil d’un arnaqueur pas comme les autres

Plutôt malheureux dans les débuts de sa vie active, Jerome Jacobson, qui s’était toujours rêvé en super flic doit rapidement abandonner ses ambitions de porter l’insigne. En effet, après une année dans la police de Floride dans les années 70, l’homme est atteint d’une maladie qui le paralyse et le rend inapte au service. Diminué et sans emploi, il quitte alors l’Etat et se réinstalle à Atlanta. Après un long traitement, il réussit à se mettre sur pieds et réussit même à décrocher un emploi en qualité d’agent de sécurité. Assidu et démontrant des aptitudes avérées, Jacobson devient même rapidement l’un des meilleurs éléments de son entreprise. Tant et si bien que lorsque Simon Marketing, l’agence chargée par McDonald’s de l’impression et de la distribution des vignettes du jeu à gratter Monopoly de McDonald’s souhaite recruter un responsable de sécurité, la société lui fait appel sans hésiter. C’est alors que la vie de Jerome et de son épouse Marsha, son unique soutien depuis toutes ces années, vont prendre un virage assez inattendu.

Une arnaque rondement menée

En 1988, Jacobson intègre ainsi l’équipe de Simon Marketing au sein de laquelle il se voit rapidement confiées d’importantes responsabilités. En fait, c’est à lui que revient l’une des plus importantes responsabilités : mettre sous plis fermés les vignettes, les sceller et les acheminer dans l’ensemble des restaurants McDonald’s des Etats-Unis et du Canada. La mission est d’envergure, mais la rémunération est à sa hauteur. Pour l’ancien policier, c’est une occasion en or. Mais ce n’est visiblement pas suffisant pour l’éloigner de la tentation que représentent ces nombreux tickets qu’il transporte tous les jours dans l’une des poches cachées d’une veste spécialement conçue à cet effet.

Après seulement une année de bons et loyaux services, il se laisse tenter et vole un premier ticket gagnant de 25 000 $. Il l’offre alors à son beau-frère qui l’encaisse sans le moindre souci. Dès lors, il imagine et développe une arnaque toute simple et particulièrement juteuse. Lors de chacune de ses tournées, il subtilise plusieurs tickets gagnants qu’il revend ensuite contre de l’espèce. Il réalise d’abord sa première « vente » à l’un de ses voisins, auquel il refile une vignette gagnante de 10 000 $ contre 2 000 $. Le faux gagnant encaisse son lot quelques jours plus tard, loin de chez lui afin de ne pas éveiller les soupçons. Au cours des douze années suivantes, Jacobson va ainsi répéter l’opération des centaines de fois, faisant affaire avec, un peu tout le monde : proches, membres de la mafia, trafiquants de drogue, etc. Une famille mormone ferait également partie de ses « clients ». L’histoire raconte que l’ex policier aurait même gracieusement offert une vignette gagnante de 1 million $ à un hôpital pour enfants.

Une arnaque qui en cachait une autre

Alors qu’il mène rondement son petit business, Jacobson découvre, en 1995, que l’entreprise pour laquelle il travaille, trafiquait de son côté, le processus de distribution. Simon Marketing faisait en effet en sorte qu’aucune vignette gagnante ne soit acheminée au Canada. Conservant cette information pour lui, il s’en servit lors de son audition, après son arrestation en 2001. Ce qui ne l’empêcha pas d’être condamné à 15 ans de prison. Tous ses biens furent par ailleurs saisis. Après les aveux des responsables de Simon Marketing, McDonald’s a pour sa part, rectifié le tir à partir de 2001.

Une prochaine adaptation au cinéma

L’affaire du Monopoly de McDonald’s aurait sans doute fait beaucoup de bruit à l’époque si elle n’avait pas été quelque peu étouffée par les événements du 11 septembre 2001, le lendemain de l’arrestation de Jacobson et de huit de ses complices. Elle a cependant été ressuscitée le 29 juillet dernier après la publication, dans le Daily Beast, de l’intégralité de l’enquête. Elle a alors tout de suite capté l’intérêt des grands studios de cinéma américains. Et c’est finalement la 20th Century Fox qui s’en est offert les droits d’adaptation. Selon les informations actuelles, c’est l’acteur Matt Damon qui devrait camper le rôle de Jacobson, sous la direction de son vieil ami Ben Affleck que l’on retrouvera en toute vraisemblance, derrière la caméra.